Historique

De nombreuses associations d'Anciens combattants et surtout de Victimes de guerre se sont constituées à la fin de la Guerre 1914/1918 et ont commencé, au vu des trois millions de blessés, à défendre leurs intérêts en tenant compte de leur invalidité. Ces associations, formées par ceux qui avaient eu la chance de sortir indemnes ou presque de cet enfer, ont commencé à les défendre avec beaucoup de dévouement et de désintéressement, faisant preuve d'une grande fraternité envers leurs frères d'armes.

 

En 1923, lors de son Congrès, l'Union Fédérale - dont le président était René Cassin - avait déjà tenté de réunir, dans une seule confédération, les diverses associations. Mais, il fallut attendre 1927, à la suite des "Etats Généraux de la France Meurtrie" réunis à Versailles, que furent regroupés tous les "vrais" combattants volontaires. Pourquoi "vrais"? ; car certains d'entre eux n'avaient connu que des services à l'arrière et en fait, n'avaient pas combattu. Ce fut un succès et un premier organisme unitaire fut créé, la "Fédération Nationale des Combattants Volontaires de la Grande Guerre". Celle-ci fusionna en 1935, puis en 1938, avec la "Fédération Nationale des Engagés Volontaires" et prit le nom de "Fédération Nationale des Volontaires de Guerre". Cette dernière commença à défendre les intérêts moraux et matériels de ses membres jusqu' à l'arrivée du régime de Vichy.

 

Philippe Pétain, sur proposition de Xavier Vallat (Secrétaire général des Anciens Combattants), décide, par la loi du 29 août 1940, de dissoudre toutes les associations d'Anciens combattants et de créer la "Légion Française des Combattants". Ses missions sont de grouper, au service du pays, tous les Anciens combattants, d'organiser l'entraide combattante et d'assurer la collaboration des Anciens combattants à l'œuvre des Pouvoirs publics. De plus, les biens des associations seront transférés à la Légion et chaque membre sera lié au maréchal par un serment prêté individuellement.

 

Pendant la guerre, en zone Nord, des associations réussirent à fonctionner avec l'autorisation des Allemands sous certaines conditions. En septembre 1943, le gouvernement d'Alger, après dissolution des associations existantes, institua la "Fédération Française des Associations d'Anciens combattants et Victimes de guerre" ; ses statuts imposaient l'élection des membres du Conseil d'administration. Dès le mois d'octobre 1944, un comité d'Action est créé et la Présidence d'honneur est offerte à René Cassin. Ce comité se donna pour tâche de regrouper les associations de combattants et victimes de guerre et préparer les statuts qu'il devait présenter au général De Gaulle.

 

L'accord se fit sur le troisième projet qui reçut l'approbation du général. Aussi bien que les statuts, l'ordonnance a été élaborée en accord avec les représentants des grandes associations : l'Union Fédérale, l'Union Nationale des Combattants, le Comité National d'action des Anciens combattants résistants et le Front national, qui l'avaient adoptée à l'unanimité. Cette ordonnance faisait évidemment une place égale à l'ancienne et à la nouvelle génération du Feu. La bonne entente était de mise sur une base conventionnelle approuvée par le gouvernement.

 

Le Gouvernement provisoire de la République Française,

- sur le rapport du Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale,

- vu l'article 7 (1er alinéa) de l'ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le Territoire continental, ensemble les ordonnances des 11 octobre et 8 décembre 1944,

 

le comité juridique entendu,

 

ordonne :

 

Article 1er : L'Union Française des Combattants de la Libération et Victimes des deux Guerres, déclarée conformément à la loi du 1er juillet 1891, est reconnue dès à présent comme la seule organisation représentative des combattants, combattants de la Libération et victimes des deux guerres. A ce titre, elle est seule habilitée pour intervenir auprès des pouvoirs et administrations publics et pour présenter ou, le cas échéant, pour élire les candidats aux différents organismes prévus pour le fonctionnement des institutions créées ou à créer par les lois et règlements en faveur des catégories de personnes qu'elle représente. L'Union Française des Combattants pourra devenir l'organisation représentative des prisonniers dans les conditions fixées par la présente ordonnance ...

 

Article 2 : L'Union Française des Combattants est reconnue d'Utilité publique …

 

Article 3 : Sont approuvés les statuts de l'Union Française des combattants confirmés par la présente ordonnance ....

 

Article 4 : Les biens meubles ou immeubles de l'organisme dit "Légion Française des combattants", dissous par l'article 10 de l'Ordonnance du 9 août 1944, sont dévolus par l'effet de la présente, à l'Union Française des combattants ...

 

Article 5 : Est expressément constatée la nullité des actes dits : Loi du 29 août 1940 ... Loi du 10 mars 1941 ... Loi du 21 août 1941 ... Loi du 16 septembre 1941 ... Loi du 18 novembre 1941 ... Loi du 24 septembre 1943 ...

 

Article 6 : Un décret en Conseil d'Etat déterminera les conditions dans lesquelles les associations des départements algériens, des colonies et pays de protectorat ... pourront être affiliées à l'Union Française des combattants ...

 

Article 7 : La présente Ordonnance sera publiée au Journal Officiel de la République Française et exécutée comme loi.

 

Fait à Paris, le 14 mai 1945

Signée :

Charles De Gaulle

 

 

Le gouvernement provisoire de la République Française

Le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Alexandre Parodi

Le Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Etrangères par intérim, Jules Jeanneney Le Ministre de l'Intérieur, Adrien Tixier

Le Ministre des Colonies, Paul Giacobbi

 

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Des modifications apportées aux statuts ont permis à l'UFAC l'adhésion de la FNDIRP en juin 1947, de la FNCPG/CATM en 1972 et de la FNACA en 1973.

 

En août 1945, René Cassin qui venait d'être nommé Président d'honneur de l'UFAC, déclarait : "La constitution de l'UFAC dont les fondateurs ont bien voulu me nommer Président d'honneur répond à l'un des devoirs nationaux qui est de valoriser et coordonner toutes les forces orales et physiques des générations qui ont combattu pour le salut commun ...."


 

 

 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Président fondateur de l'UFAC, Léon Viala, s'attacha à redonner aux Anciens combattants et Victimes de guerre leur place dans la nation, à adapter la législation de réparation aux conséquences de la guerre en liaison étroite avec l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

 

Succédèrent à Léon Viala, en :

  • novembre 1950, Marcel Engrand, Union Nationale des Combattants (UNC)
  • mars 1956, Emile Pierret-Gérard, Union Fédérale (UF)
  • mars 1958, Paul Manet, Fédération Nationale des Combattants Républicains (FNCR)
  • octobre 1971, Lucien Bégouin, hebdomadaire "La Semaine du Combattant"
  • octobre 1979, René Peyre, Association Nationale des Anciens Combattants des PTT
  • octobre 1995, Jacques Goujat, Fédération Nationale des Combattants, Prisonniers de Guerre et Combattants d'Algérie-Tunisie-Maroc (FNCPG/CATM)

 

L'UFAC assure la défense des droits moraux et matériels de toutes les catégories d'Anciens combattants et Victimes de guerre, toutes générations confondues - y compris celle des Missions Extérieures – vis-à-vis des Pouvoirs publics. C'est l'interlocuteur incontournable dans les rapports avec le gouvernement.

 

Forte de ses quarante associations et de l'excellence des travaux de ses cinq commissions : Action Générale et Sociale couplée avec la Reconnaissance et Défense des Droits, Affaires Intérieures-Communication et Organisation, Affaires Internationales, Civisme et Mémoire, dirigées par des Vice-présidents qualifiés, au bénéfice de trois millions de membres ressortissants de l'ONACVG, l'UFAC veille continuellement à ce que les lois fondatrices du Droit à réparation soient respectées. Pour ce faire, elle exige le maintien d'un interlocuteur ministériel spécifique, d'un budget autonome des ACVG et le respect du Droit à réparation défini par la loi, ainsi que le maintien des services chargés de les mettre en œuvre : l'ONACVG et l'Institution Nationale des Invalides (INI).

 

L'UFAC a su se faire entendre sur certains points, le dernier en date concernant le relèvement de quatre points du taux d'indice de la Retraite du combattant, mais un énorme retard a été pris. Son président Jacques Goujat, ne manquera pas de le rappeler aux représentants du gouvernement :

 

- le rapport constant (lois de 1948,1951,1953) : rattrapage des 43% de retard de la valeur du point PMI et retour à un système de calcul s'appuyant à nouveau sur la parité avec un corps de référence dans la grille de la Fonction publique présentant toutes les conditions de longévité et d'évolution logique incontestable dans les années à venir

- abrogation du décret sur la campagne double et parution d'un nouveau décret conforme à l'égalité du Droit à réparation entre les générations du Feu

- Carte du combattant aux OPEX sur les mêmes critères que ceux utilisés pour les ACVG de la guerre d'Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie

- attribution de la Carte du combattant aux anciens d'Algérie totalisant 120 jours de présence "à cheval" sur la date du 2 juillet 1962

- relèvement au niveau du seuil de pauvreté (964 euros) du plafond de ressources, pour l'aide différentielle de solidarité aux conjoints survivants après la déduction du montant de leur loyer

- relèvement à 130 points du plafond majorable des rentes mutualistes des Anciens combattants

- le droit aux soins et à réparation pour les psychotraumatismes de guerre, une réelle indemnisation des victimes des irradiations dues aux essais nucléaires français de 1960 à 1996 et des populations concernées, des victimes du Golfe et des Balkans et de toutes les Opérations extérieures

- non à la Journée unique du Souvenir et oui au maintien des Commémorations historiques ...

 

Ceci est loin d'être exhaustif et de nombreuses demandes n'ont jamais obtenu de réponse. Ce rappel des lois fondatrices du Droit à réparation démontre les inadmissibles retards pris au cours des décennies précédentes.

 

Au plan international, ce sont des associations d'Anciens combattants de huit pays - Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Turquie, Etats-Unis, Yougoslavie - réunies en 1950 à Paris, qui ont fondé la "Fédération Mondiale des Anciens Combattants" (FMAC). L'UFAC qui représentait la France, cofondatrice donc de la FMAC, participe activement à ses initiatives en faveur de la paix et des droits de l'Homme ainsi qu'à la mise en œuvre des principes directeurs des droits fondamentaux des Anciens combattants et Victimes de guerre présentés aux Nations Unies.

 

Aujourd'hui, le Président de l'UFAC, Jacques Goujat, est actuellement Président Honoraire de la Fédération mondiale. Un autre membre de l'UFAC, Robert Créange occupe à la FMAC les fonctions de membre de la commission de contrôle financier et rapporteur français pour les séances plénières de travail.

 

L'UFAC, comme la FMAC d'ailleurs, a toujours prôné le désarmement nucléaire ainsi que l'arrêt de la prolifération nucléaire, l'accroissement des dépenses militaires dans le monde (620 milliards de dollars en 2010 a de quoi inquiéter).

 

Il est nécessaire qu'au plan international, les Etats respectent scrupuleusement les engagements internationaux qu'ils ont souscrits, mettent en application les principes de la Charte des Nations Unies et de la charte internationale des droits de l'Homme rappelés toujours par l'UFAC :

- le droit pour chaque peuple à l'autodétermination, à la maîtrise de son destin et de ses ressources naturelles

- le droit pour chaque Etat, grand ou petit, au respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale sous les garanties internationales appropriées

- l'interdiction du recours à la force ou à la menace de la force pour le règlement des différends internationaux et l'obligation de rechercher des solutions (par voie négociée entre les parties, par tout autre moyen de règlement pacifique, par des procédures internationales)

- le droit de chaque être humain à la paix, la dignité, aux libertés

- la mise hors la loi de toute forme de racisme, d'apartheid et de toute doctrine de haine Idéologique, religieuse ou raciale entre les hommes et entre les peuples

- les violations de la paix et les crimes contre l'Humanité doivent être sanctionnés par la juridiction internationale, la Cour Pénale Internationale (dont le siège social est situé à La Haye aux Pays-Bas).

 

L'UFAC reste toujours vigilante et n'acceptera jamais la remise en cause systématique du Droit à réparation des Anciens combattants et Victimes de guerre, institué par la Loi du 31 mars1919 et suivantes.